Poème écrit pour célébrer une renaissance personnelle
Le temps, c’est de l’eau
Les jours sont autant de sources auxquelles on ne s’abreuve qu’une seule fois
La foi désaltère les gorges résignées
Mais tout est fluide,
Fluide qui noie, éclabousse et inonde,
Mais qui toujours passe – la seconde est goutte et la minute est canal qui se jette dans la mer du jour
Comme la chaleur de ton corps qui se déverse sur moi
Quand tu dors, ou l’eau du jet qui sur mon dos se tord
Ou quand le soleil fore ma peau
Et que la lumière est celle du sort
Le temps, c’est de l’eau –
Et si le temps est fluide
Je le sens nager en moi grâce à toi
Qui m’apprends à flotter
Sur le coton de la vie condensée
Je sais qu’une seule âme s’écoule en nous
Nos corps sont d’eaux divergentes mais de temps accordés
L’important est que jamais elles ne stagnent
Tes ondes étendent les miennes
Résonnent ensemble à la surface d’inconnues abysses
Pressenties, elles nous éclaboussent
De leurs profondeurs à cerner
Tu reflues toujours vers mon rivage
Ses sables te sont sondables assez que pour t’y sentir privilégié
Et si le temps est d’eau et de réminiscences
Mes sens évaporés se revoient inondés
Immersion dans ton courant
Je suis prise comme plume tombée et par le récif attrapée
Le temps, c’est inconstant
Ton sel à mes lèvres endigue leur ensevelissement
Par les futiles passe-temps
Dérivatifs ignorants
D’à quoi consacrer son temps de brume
Ton temps et le mien
Je les sens qui sont vagues communes
Je deviens torrent
Recueilli par le calme de tes abondances
Merci de m’avoir rendue moins submersible
Mais j’aimerais que le flux soit sans naufrage
Et que ne nous atteigne l’assèchement des âges –
Je vais regagner l’océan
Moi le néant qui veut tout
Je traque la chute redoutée de la minute avec toi retrouvée –
Passagère du paquebot des échappés
De ceux qui courent, sans avoir rien à rattraper
Que leur propre retard sur les vagues prometteuses des eaux troublées
Jouant les entremetteuses –
Marine aquarelle – divine figuration
De ton visage entre mes mains – attention
Les glaciers fondent
Je suis leur collision
Les rivières s’assèchent
Je suis leur saturation
La marée se retire
Je serai sa prochaine impulsion –
Plume sans poids que la mer charrie
A envie de vivre ce temps et s’enivrer de son eau -
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